18.1.08

Le clavier et/ou le bouquin?

Depuis que j'ai regardé la longue entrevue de Denys Arcand par Marie-France Bazzo hier soir, je suis resté songeur sur quelques-unes des déclarations qu'il a faites. Le cinéaste a en effet affirmé que des enseignants lui ont confié ''qu'ils ne pouvaient plus faire lire de littérature aux étudiants - et pas n'importe lesquels, ceux étudiant en littérature! Les jeunes ne comprennent plus les textes 'compliqués' avec le vocabulaire limité qu'ils utilisent. Ils ne peuvent plus lire Madame Bovary par exemple.'' Quel choc d'entrendre cela pour moi qui ai adoré ce livre - un de mes préférés à vrai dire - à la qualité de narration exceptionnelle! Selon M. Arcand, on se dirige vers un nouveau Moyen-Âge, durant lequel les livres et la bibliothèque seront mis de côtés, où le vocabulaire sera de plus en plus limité... d'où le message passé dans ses deux derniers films, lorsque le personnage de Rémy Girard lègue sa bibliothèque au personnage de Marie-Josée Croze. Ou encore la scène médiévale dans l'Âge des ténèbres démontrant le retour au Moyen-Âge.

Je trouve ces déclarations un peu inquiétantes, mais en même temps j'aurais de la difficulté à affirmer le contraire. Je regarde autour de moi et j'ai bien peur que trop peu de gens lisent. Même moi, je passe beaucoup plus de temps sur mon clavier que le nez dans les livres. 
Travaux de session obligent, le temps passé devant l'écran peut s'expliquer mais avec mon nouvel ordinateur c'est plutôt agréable et tentant de découvrir toutes les possibilités multimédias qui s'offrent à moi. Au moins le blog me force à vérifier mon vocabulaire, et qu'on le veuille ou non ça reste de la création. Bon, ceci dit je retourne lire un peu, question de continuer à faire progresser mon vocabulaire. Et de tenter de limiter l'arrivée d'un nouveau type de Moyen-Âge après le déclin de l'empire... américain cette fois-ci.

8 commentaires:

La gousse craintive a dit…

Si ça peut te rassurer, on lit encore Madame Bovary en études littéraires à l'Uqam, et bien plus encore.
Arcan dit n'importe quoi.

La gousse craintive a dit…

Hum... après réflexion... j'ai bien lu Madame Bovary pendant mon bac, mais pas dans le cadre d'un cours. C'était une initiative personnelle...

Mais on a lu un tas d'autres bouquins bien plus intéressants.

Anonyme a dit…

gousse craintive>> M. Arcand parlait plutôt des étudiants de niveau Cégep (17 à 21 ans environ) dans l'entrevue.

Je ne suis pas d'accord avec toi sur le fait qu'il dise n'importe quoi... tu en connais beaucoup de gens qui ont lu Madame Bovary de leur initiative personnelle? Je ne connais personne je crois dans mon entourage (à part toi et moi...). L'éducation et le niveau de culture de la population en général ne t'inquiète donc pas? Je dois avouer que oui.

magoua a dit…

Sans avoir entendu l'entrevue d'Arcand, je nuancerais beaucoup. Bien sûr le niveau général des cégépiens n'est pas élevé. Mais globalement il l'est plus: à peine 20% des gens se rendaient à ce niveau d'étude il y a 45 ans contre 45-50% des jeunes aujourd'hui. Forcément, ils ne sont pas tous passionnés de littérature, mais au moins la porte est ouverte.
Et si on comparait la culture environnementale de la génération d'Arcand à 18 ans et celle des cégépiens d'aujourd'hui ?

Anonyme a dit…

Je pense que ton billet pose la question de l'Education. Mes parents disaient quand j'ai passé mon bac que le niveau n'avait rien à voir avec leur époque.

J'ai bien conscience de parler comme un vieux con mais moi qui adore lire je vois bien que les plus jeunes sont de plus en plus rarement attirés par la littérature (par exemple, puisque c'est ce dont on parle). Le risque, car l'école a l'air de foirer dans sa mission, c'est que cette culture qui nous est commune à tous risque de devenir la propriété d'une élite qui ne la diffusera qu'à ceux qui ont les moyens fiduciaires et/ou intellectuels de se l'approprier. Au lieu d'être diffusée pour suciter la curiosité et l'intérêt.

L'internet ou les consoles de jeu pourraient être des médias pertinents pour titiller la curiosité et l'intérêt des plus jeunes pour la culture classique, mais les profits rapides sont bien plus important que l'investissement dans la nouveauté et dans la durée... c'est un peu dommage car si j'avais eu le net et tout cet accès à l'information disponible alors que j'étais au lycée cela aurait été le bonheur!

Anonyme a dit…

magoua>> Je me rappelle qu'au secondaire les étudiants peinaient à lire les quelques livres obligatoires par année... je pense que ça se joue beaucoup au niveau de la perception, que les étudiants doivent avant tout trouver le plaisir dans la lecture et non seulement se sentir 'obligés'.

fab>> Dans la société du 'clic' où tout est accessible sans trop faire d'efforts et seulement en appuyant sur un bouton, je pense que la lecture d'un bon vieux livre poussiéreux paraît beaucoup moins intéressante que les dernières nouveautés technologiques. Et en plus ça prends du temps, tu imagines!

Je pense que la culture est encore très accessible (des livres de poche pour quelques dollars par exemple chez de nombreux libraires...) mais l'intérêt, lui, est-il toujours là?

La gousse craintive a dit…

Atomicjonas>> J'ai dit qu'Arcand disait n'importe quoi parce que je pensais qu'il parlait du bac.

Quant à Madame Bovary, je connais, oui, beaucoup de gens qui l'ont lu de leur propre chef. Voilà pour les détails.

Cela dit, je ne crois pas que Madame Bovary soit un enjeu culturel et éducatif. Ce roman est ennuyeux et tout à fait inintéressant pour le lecteur ordinaire. Vraiment, je n'en veux à personne de ne l'avoir pas lu!

On ne lit plus Madame Bovary dans les cégeps ? À la bonne heure. Qu'on me dise maintenant les titres des lectures obligatoires. La question à mon avis n'est pas tant de savoir si oui ou non les jeunes lisent Madame Bovary dans les cégeps que de savoir, étant donné qu'ils ne la lisent plus, ce qu'ils lisent à la place.

Anonyme a dit…

Moi aussi j'ai lu "Madame Bovary" et je suis tombé dessus pour mon oral au BAC "L'arrivée à Yonville".
J'ai lu les commentaires aussi, et je pense que l'éducation nationale a son rôle à jouer via des profs de langues compétents. Bien sûr les jeunes gens ont d'autres champs d'exploration des connaissances et de la culture via le web, et c'est tant mieux, mais rien ne pourra remplacer un bon prof de littérature qui donne envie de lire des livres. C'est, de mon point de vue, le noeud gordien du problème pointé.